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Shioli Kutsuna, couverture de Zero Magazine
Shioli Kutsuna, couverture de Zero Magazine

Allan Abani, chasseur d’images au Japon

Allan Abani s’installe au Japon en décembre 2017. Dans ses bagages, il a pris soin d’emporter ses appareils et un portfolio. Six ans plus tard, le voilà désormais à la tête d’un somptueux magazine de mode et photographe ‘attitré’ d’un magazine tokyoïte.

Lors de la venue du footballeur Kylian Mbappé (juillet 2022) au pays du soleil levant, c’est lui qu’on choisit pour une session photo. Dans un entretien exclusif pour Blog Fascinant Japon, Allan Abani se livre sur son parcours et son expérience…

Interview d’Allan Abani

Pourquoi Tokyo? Et comment?

J’étais censé rester au Japon seulement deux semaines pour des vacances avant d’aller à New York pour essayer d’y lancer ma carrière.

Pendant mon séjour, j’ai rencontré quelques personnes intéressantes et j’ai vraiment apprécié mon séjour. Je me suis dit, pourquoi pas y retourner et essayer de développer mon réseau ici.

Kylian Mbappé
Kylian Mbappé

Tokyo est une ville qui me passionne depuis très longtemps. Ça a commencé par les manga quand j’étais gosse, ensuite à l’adolescence, les génériques d’anime m’ont fait découvrir la musique japonaise et j’y suis devenu accro, je n’écoutais quasiment que ça pendant quelques années. C’était quelque chose de tout nouveau, je n’avais jamais vu ça auparavant.

Lorsque j’étais breakdancer, je m’entrainais même sur des sons japonais, les gars de mon crew se sont aussi mis à kiffer hahaha. Pour ceux qui veulent écouter les sons qui ont en partie fait de moi l’artiste que je suis aujourd’hui, en voici quelques-uns. Je recommande de regarder les clips, ils sont géniaux!!

A la même période, je faisais mes études en mécanique automobile, je me suis pris de passion pour le Drift, discipline qui est née au Japon.
Donc tout ça a fait que je voulais absolument visiter le pays et découvrir sa culture.

Je suis venu 3 ou 4 fois en tant que touriste pour me faire quelques contacts puis j’ai ensuite fait un PVT pendant lequel j’ai trouvé mon premier client régulier, me permettant de payer mes factures etc… Et me voilà 6 ans plus tard en train de shooter pour des clients comme Louis Vuitton, Nike, Estée Lauder, Rolling Stone, SK II, Accor… ainsi que pas mal de célébrités japonaises.

Kiko Mizuhara
Kiko Mizuhara

Faire du tourisme au Japon et travailler au Japon ce n’est pas la même chose…pour ceux et celles qui ont fait le choix d’y travailler on parle souvent de ‘choc culturel’. Quels ont été pour vous les facteurs facilitants et à l’inverse les obstacles ou difficultés éventuel(le)s?

Je vais d’abord parler des difficultés. Disons qu’au début, tu ne vois pas tellement les mauvais points et obstacles du Japon. Tout est beau et complètement différent de ce que l’on a l’habitude de voir en France. Les soucis commencent quand tu veux prendre un abonnement téléphonique, louer un appartement ou d’autres choses similaires.

Parfois l’administration japonaise n’a pour nous aucun sens et ce sont les petites choses comme ça qui s’accumulent et qui font craquer beaucoup d’étrangers installés ici. Le tout sans maîtriser la langue, c’est vraiment compliqué. Je recommande de demander l’aide d’un(e) ami(e) japonais(e) pour remplir la paperasse et vous accompagner dans les établissements administratifs.

Pareil pour la mentalité, il y a de nombreux points avec lesquels j’aurai toujours du mal mais c’est comme partout, quand tu t’installes dans un autre pays, tu t’adaptes.

Les seuls facteurs facilitants sont le fait d’être français, ainsi que d’être arrivé ici avec un portfolio convenable étaient de grands avantages, j’ai pu trouver des clients assez rapidement.

Viral Boy
Viral Boy

Êtes-vous « freelance/indépendant » ou comme beaucoup d’artistes au Japon représenté par une Agence?

Les deux, je suis freelance et je suis représenté, en Europe uniquement pour le moment, pas au Japon. Ici je n’ai pas forcément besoin d’une agence mais si l’occasion se présente et que l’agence est OK avec mes conditions, alors pourquoi pas.

Vous travaillez souvent pour le magazine en langue anglaise Tokyo Weekender, êtes-vous un habitué d’autres revues ou magazines?

J’ai une très bonne relation avec l’équipe de Tokyo Weekender, c’était le premier magazine avec lequel j’ai shooté lorsque je suis arrivé au Japon. J’ai commencé par shooter des photos de tourisme pour eux et peu de temps après je me suis retrouvé à shooter leurs couvertures de magazine.

Ils me font confiance et me laissent ma liberté créative, ce qui est très rare ici. Je travaille aussi avec d’autres magazines, la plupart du temps pour shooter des portraits d’acteurs ou de musiciens, mais pas aussi régulièrement.

Fuka Koshiba, Rui Hachimura, Hikari Mori, Nana Komatsu ou il y a peu Hio Miyazawa, un podcaster vous a décerné le titre de «photographe des célébrités», devenez-vous un photographe spécialisé ou s’agit-il seulement d’un «sujet» photographique parmi d’autres?

Hikari Mori
Hikari Mori

Ça serait génial d’être reconnu en tant que photographe de célébrités. Mais pour l’instant je n’ai shooté quasiment que des célébrités japonaises et dans d’autres pays, la plupart des gens ne connaissent pas leur nom, ni leur visage.

J’en suis très content mais ce n’est pas l’objectif final. On en reparlera dans quelques années lorsque j’aurai accompli la même chose aux États-Unis hahaha.

Bien que certains de vos clichés soient en couleur, vous semblez privilégier le noir et blanc…un choix esthétique?

Je préfère le noir et blanc. Sans aucun doute. Même si depuis un moment je me suis mis à mélanger les deux pour certains projets, c’est surtout pour mes clients.

Pour mes projets personnels je ne shoote quasiment qu’en noir et blanc. Je trouve que les photos sont plus fortes et qu’elles ont plus d’émotions que la plupart des photos en couleur. La réponse cliché mais tellement vraie.

C’est fou car ça m’a pris environ 9 ans pour m’y intéresser. Avant ça le noir et blanc ne m’attirait vraiment pas. Il y a 4 ans je sentais que je ne progressais plus trop en photo et j’ai décidé de faire un test, shooter en noir et blanc pendant deux semaines non-stop, tout en étudiant le travail des photographes qui m’ont influencé, sans switcher ma caméra en mode couleur à aucun moment.

Résultat, ça a amélioré mon œil, mon rapport aux couleurs et ça m’a permis de continuer à progresser.

Nana Komatsu
Nana Komatsu

Avez-vous été influencé par d’autres artistes, photographes ou autres?

Salvador Dalí, Peter Lindbergh, Helmut Newton, Annie Leibovitz, Sebastiao Salgado, Nobuyoshi Araki, Daido Moriyama.
Je suis un fan de leur travail mais j’aime surtout me renseigner sur leur carrière, leur vie. Autre que leurs photos, qu’est ce qui a fait qu’ils deviennent les légendes qu’ils sont aujourd’hui.

Je ne m’en suis pas rendu compte avant très longtemps mais les travaux de ma mère et de ma grand-mère qui sont artistes peintres, m’ont beaucoup influencé. Ayant grandi dans un environnement artistique, j’ai commencé la photo avec un œil déjà assez « aiguisé”.

Dans ce que Tokyo et peut-être aussi d’autres lieux au Japon offrent sur le plan visuel quelles sont les choses qui vous inspirent particulièrement?

Je dirai le contraste entre le Japon underground et le Japon traditionnel. J’adore aller à Kabukicho et contempler les gens qui y vivent et y travaillent pour avoir une image de ce qu’était l’ère Showa, qui est la période du Japon qui me fascine le plus.

Grâce aux photos j’ai aussi eu l’occasion de visiter de nombreuses villes/préfectures du Japon où j’ai passé des moments qui m’ont beaucoup inspiré. Je trouve mon inspiration un peu partout. Dans les films, les anime, la mode, la musique, l’architecture, etc…

Shioli Kutsuna
Shioli Kutsuna

2021 constitue une nouvelle étape, importante, dans votre carrière puisqu’avec une équipe vous avez lancé un magazine consacré à la mode qui se décline en éditions papier et numérique. Vous en êtes le rédacteur en chef. Pouvez-vous en dire plus? Sur la genèse du projet, sur vos collaborateurs etc…

J’en suis le fondateur et rédacteur en chef. Étant donné qu’on a une équipe très petite, on porte chacun plusieurs chapeaux.

Ça faisait déjà quelques années que je voulais créer un magazine de mode mais je n’avais ni le temps, ni le réseau pour faire un premier numéro qui soit à la hauteur de mes exigences.

La première année du Covid a été très difficile pour moi, mes clients à ce moment-là étaient des marques étrangères qui venaient shooter leur contenu au Japon. Le pays a fermé ses frontières donc plus personne ne pouvait venir. Je me suis retrouvé à avoir beaucoup de temps libre et très peu de travail.

Malgré tous ces points négatifs, c’était le moment parfait pour me pencher sur ce projet, ça me permettait de rester productif et de continuer à créer. J’ai nommé le magazine ZERO car je voulais montrer aux gens que juste en passant à l’action, on peut créer quelque chose de grand à partir de rien.

Pour le premier numéro j’ai collaboré avec Shioli Kutsuna pour la cover story et l’interview. Shioli est une actrice que j’adore depuis que je l’ai vue dans “Deadpool 2”, on parlait de shooter ensemble depuis un moment, c’était donc l’occasion parfaite.

Dans ce numéro on y trouve aussi Tony Revolori qui joue le personnage de Flash Thompson dans les derniers films Spiderman. Plusieurs photographes et artistes ont collaboré avec nous sur ZERO et c’est incroyable. La suite ne sera que meilleure!

Tony Revolori
Tony Revolori

Sur quoi travaillez-vous ces temps-ci?

J’ai pas mal de boulot pour différents magazines japonais ainsi que quelques shoots commerciaux pour des marques internationales.
En parallèle, on bosse sur l’issue numéro 2 de ZERO qui devrait sortir courant 2023.

J’ai aussi décidé de reprendre YouTube! Après des hauts et des bas, environ 80 vlogs et deux ans d’absence, je m’y remets!
Je parle de ma carrière, de ma vie au Japon (pour l’instant), de photographie, de mode, etc… Ça prend beaucoup de temps sur mon planning donc j’essaie de m’organiser du mieux que je peux haha.

Biographie d’Allan Abani

Allan Abani, auto portrait
Allan Abani, auto portrait

La petite trentaine, Allan Abani a grandi à Castres dans le sud de la France, au sein d’une famille dans laquelle on trouve des artistes peintres. Adolescent puis jeune homme, il cherche un temps sa voie. Une formation de mécanicien en poche, il enchaîne les petits boulots et connaît quelques galères. Il se passionne un temps pour la breakdance mais son intérêt pour la photographie va croissant. Tout en travaillant à Toulouse d’abord puis à Paris, il peaufine sa technique, s’arme de patience et un premier déclic se produit quand on lui demande de couvrir la Fashion Week en 2013.

Le jeune photographe envisage un temps d’aller à New York mais un séjour au Japon et quelques rencontres sur place changent complètement la donne. Il s’y installe en décembre 2017. «J’ai trouvé le pays qui convient à ma créativité. Et surtout j’ai obtenu des contrats et des commandes. Dans ce pays, j’ai désormais mon équilibre» confie-t-il à un journal du Tarn en 2019.

Depuis, il a fait son trou comme on dit. Rédacteur en chef d’un tout nouveau magazine, Allan enchaîne les sessions photos aussi bien pour des commandes de grandes marques (Nike, Adidas…) que pour des photoshoots avec des célébrités.

Liens Allan Abani

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Zero Magazine

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Remerciements à Allan Abani – Photos courtesy of Allan Abani

Article et interview par Nill Newt, mise en page: Blog Fascinant Japon

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