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Shibuya crossing à Tokyo
Shibuya crossing à Tokyo

Vivre et travailler au Japon pendant 7 ans

Vivre 7 ans au Japon, une longue période sentimentalement trop courte passée dans la péninsule nippone, a changé mes habitudes et ma vision sur le monde.

J’apporte mon point de vue sur ce pays où tout semble si différent, où l’on peut aussi bien devenir épanoui que frustré, avoir l’illusion d’être devenu une tête de gondole ou une tête de Turc, et où, pour ne perdre la tête ou prendre le melon, il faut faire les efforts d’intégration nécessaires, et ce jusqu’à en faire baisser la chaleur de notre sang latin pour être en accord avec la norme de température corporelle locale.

Après avoir présenté le début de mon récit, je traiterai rapidement des difficultés que l’on peut rencontrer pour s’assimiler à cette culture et ce mode de fonctionnement éloignés de ce que nous pouvons connaître.

Les lecteurs de 7 ans au Japon découvriront une partie de ma vie, dont l’intérêt principal est annoncé dans le titre.

Un aller espéré simple
Un aller espéré simple

Je quitte ma ville, Marseille et débarque à Tokyo à l’âge de 23 ans, en touriste. Pour arriver à mes fins, je dilapide mes économies difficilement accumulées après plusieurs mois d’esclavage dans un hôtel en Angleterre et pioche dans celles de mes parents pour subvenir à mes escapade nocturnes, intégrer une école de Japonais et séjourner en famille d’accueil pendant 2 mois.

Le choc culturel est d’une puissance inattendue, il desserre l’élastique surtendu de mon slip, décapsule le premier bouton du haut de ma chemise, fait volé mes lunettes et ébouriffe ma coiffure de premier de la classe. Je fais de nombreuses rencontres et découvre la passionnante vie Tokyoïte qui à toute heure offre une extraordinaire palette de distractions.

Le temps défile à vitesse grand V, l’euphorie de chaque instant stimulée par les bars, izakaya, karaoké, clubs et les expériences amoureuses est doucement mêlée à la zénitude rencontrée dans la visite de lieux touristiques et culturels. Malheureusement, cette parenthèse dorée se ferme brutalement lorsque je me retrouve à court de yens et de solutions légales pour prolonger mon séjour.

Il faut rentrer en France, ce nom de pays pourtant si doux à l’oreille des Japonais, a le même effet que des giclées d’acide sur mes tympans. Aeroflot me ramène sur mon lieu de naissance à coups de Vodka bas de gamme qui boostent mon cerveau pour élaborer d’un plan d’évasion.

J’en suis conscient, la France est peut-être le plus beau pays du monde, agrémenté d’une riche histoire, d’une gastronomie variée et pour parfaire le tableau il offre une protection et des aides sociales abouties à ses citoyens. Pourtant je me sens dans la peau d’un nord-coréen rapatrié de force, le saké et les jolis yeux en amandes ont dû me détraquer le cerveau.

Akihabara: Otaku un jour Otaku toujours
Akihabara: Otaku un jour Otaku toujours

De plus, en deux mois au Japon, j’ai oublié le concept d’incivilité propre à la culture française et encore plus ardemment défendu à Marseille où la compétition est forte.

Je ne pourrai dire qui représente au mieux le marseillais moyen entre le piéton qui enchaîne traversée hors des clous alors que la circulation routière bat son plein, crachat sur la route, main dans le froc et lancé de mouchoir, présentant une potentielle menace bactériologique, à 10 mètre de la poubelle la plus proche. Ou encore l’automobiliste qui de nuit, les phares éteints, me dépasse par la voie des bus à droite, en klaxonnant, et en excédant de 20km/h la vitesse autorisée.

Je souhaite repartir le plus vite possible mais tel un visiteur à Disneyland, je n’ai vu que la façade du Japon, sans imaginer que Mickey pleure peut-être sous son costume en pensant aux heures de travail qu’il lui reste à faire pour payer le loyer de son trou de souris.

La prochaine étape sera de découvrir l’envers du décor en espérant qu’il ne soit pas trop sombre. Toutefois j’ai cette impression que si le français est un loup pour l’homme, le Japonais lui est une fourmi, il travaille pour le groupe.

Je repars au Japon après une pause douloureuse de 3 mois dans la cité phocéenne, cette fois-ci je me munis d’un visa vacances-travail, je remercie mes parents qui ont rempli de billets mes poches trouées.

Mon plan de base que j’avais d’ailleurs entamé, était de travailler d’arrache-pied pour repartir le plus vite possible mais à la vue de ma mine de taulard et peut-être aussi pour ne pas avoir à écouter quotidiennement mes éloges sur le Japon, mes parents m’ont offert une solution bien plus simple en me faisant bien comprendre que je n’aurai plus de cadeau avant les cinq prochains noëls.

En tant que touriste, le Japon a été un paradis et je crains de tomber de mon nuage dans cette nouvelle situation, on m’a souvent dit: «le Japon c’est le pied mais je ne me verrai pas y habiter».

Chercher et trouver sa place à Tokyo
Chercher et trouver sa place à Tokyo

Selon mon interlocuteur, j’ai perçu, à tort ou à raison, des causes diverses à cette déclaration: il peut y avoir la peur de tomber dans une expérience de travail trop pesante et d’être écrasé en bas de la pyramide, sous la lourde hiérarchie Japonaise, j’y vois parfois une forme d’abandon face à la difficulté de s’intégrer culturellement et linguistiquement à cette autre planète.

Je crois avoir pu apercevoir dans d’autres cas une sorte de réconfort fabriqué, on se dit qu’on est mieux chez soi, on enfile ses pantoufle et son bonnet de nuit pour éviter d’avoir à affronter les changements de vie aux résultats incertains.

De mon côté, si je ressens de l’appréhension à y aller pour rester au minimum un an avec un budget de 3 mois, je n’ai jamais pensé, une seule seconde à abandonner mon projet. Si en France je me sens aussi amorphe qu’un concombre de mer, au Japon j’ai le sentiment de devenir un maquereau, vif et brillant.

Mon départ qui est certes, facilité par l’absence d’attaches solides, est avant tout une entreprise de développement personnel, un besoin d’améliorer un moi pathétique qui passe la plupart de son temps la bouche entrouverte devant des jeux-vidéos ou des sites olé-olé.

Mon évolution sociale Japonaise me fait passer de touriste à vacancier–travailleur comme l’indique mon visa. Ce nouveau statut associé à mon faible pouvoir financier m’oblige à me remuer le popotin, mais j’ai l’agréable surprise de trouver rapidement de nombreuses annonces pour des petits boulots et en tester plusieurs.

Dans un premier temps mes limites en Japonais m’ont amené à exercer exclusivement des missions «pour étrangers» puis, en me japonisant petit à petit, j’ai pu avoir accès à d’autres boulots où la grande majorité des travailleurs sont japonais.

Parmi les petits emplois réservés aux étrangers, j’ai pu essayer la correction de traductions pour des jeux-vidéos et aures dictionnaires, la figuration et figuration intelligente pour des série télé, pub ou clips vidéos et enfin l’enseignement du français. En règle générale, il s’agit d’activités bien rémunérées et les employeurs sont peu exigeants.

J’ai pu noter deux sentiments opposés chez les travailleurs étrangers. Le premier est la sensation d’être mis sur un piédestal, par exemple lors des tournages, le staff veille à ce que nous ne manquons de rien, il s’adresse à nous en employant des formules de politesse poussées, nous apporte une boîte de mouchoirs au moindre éternuement et se force à rire de nos blagues parfois douteuses. On peut alors avoir cette douce impression, malheureusement éphémère d’être en chemin pour devenir le nouvel Alain Delon.

Le second est un sentiment de discrimination, ressenti chez certains figurants non Japonais, parfois Français, mettant en avant un sentiment d’apartheid, le poing levé ils me faisaient connaître leur insatisfaction d’être mis de côté, parqués entre étrangers et observés avec méfiance par les Japonais.

La ville plus lumineuse de nuit
La ville plus lumineuse de nuit

Personnellement, j’ai pu consécutivement éprouver ces deux émotions pourtant aux antipodes, avant de me rendre compte que la notion de racisme au Japon n’était pas aussi développée qu’en France, chez nous en plus d’être une arme politique, elle est reprise dans de nombreuses conversations et sujets notamment sur les réseaux sociaux.

Pour nous français, elle a été greffée dans notre cellule grise et ressort au moindre regard de travers lancé par un Japonais. Au Japon, on évoque très peu le racisme, si bien que lorsqu’on le pose en objet dans une conversation nous mêlant à des nippons, ces derniers font les mêmes yeux ronds que si l’on débattait des martiens.

Il ne s’agit que de mon avis formé à la suite d’expériences, comme celles de rencontres avec des Japonais et Japonaises viscéralement attaché à l’occident en général et la France en particulier qui idéalisent notre terre de naissance sans vraiment la connaître, ceux-ci étaient souvent pressés de devenir intimes avec moi et selon le sexe et l’apparence de la personne cela pouvait soit me ravir soit me terrifier.

D’un autre côté, certains japonais ont pu montrer de la distance et de la froideur à mon égard exprimant une certaine volonté de ne pas échanger avec moi. Le sujet ne souhaitant souvent pas répondre à mes questions, ce type de cas a été plus difficile à étudier, mais la pression Kirin délie les langues et m’a permis de découvrir une absence totale de racisme chez eux.

Je pense avoir trouvé des craintes, comme celles de ne pas pouvoir être compris à cause d’insurmontables barrières linguistiques et culturelles, ou encore celles d’être mis par l’étrange étranger dans une situation embarrassante en désaccord avec la lisse éducation qu’ils ont suivis.

Une inquiétude qui a pu naître de la caricature faite au portrait de l’occidental au sang chaud, mais aussi de l’observation de certains touristes bruyants et peu civilisés qui parfois: «n’hésitent pas à se galocher profondément dans un wagon de métro bondé».

Si les premières rencontres m’ont fait penser que certains d’entre eux nous adorent et d’autres nous détestent, j’ai compris qu’avant de tirer des conclusions hâtives je devais faire des efforts de compréhension. Mon niveau de japonais s’améliorant, j’ai pu répondre à des offres d’emplois rédigées en Japonais, travailler dans un cadre plus «traditionnel» et découvrir un lot de bons et mauvais côtés.

J’ai pu en faire l’expérience en entreprise mais avant cela dans le service pour un bar-restaurant. La principale difficulté est d’arriver à se hisser au très haut niveau de qualité de service Japonais, car au Japon dans 99% des établissements le client est vraiment le ROI. En France dans 50% des établissements c’est un emmerdeur.

Si votre «Tencho» (manager) vous entend vous adresser à ce dernier avec l’équivalent d’un «qu’est-ce que je vous sers?», il répondra tout de suite «ta démission». Lorsqu’on a enfilé son uniforme de travail on n’est plus Pierre, Paul ou Takeshi mais seulement «à votre service».

Il est courant que l’employé vienne gratuitement faire quelques heures supplémentaires pour parfaire son apprentissage et perfectionner sa maîtrise du travail. Les pauses sont courtes, comptées en secondes et sont à peu près le seul moment où il est possible de converser avec ses collègues. Il faut aussi faire le ménage et laver les chiottes à tour de rôle une fois le service terminé tout en gardant à l’esprit que le pourboire n’existe pas.

Trouver aussi son ange
Trouver aussi son ange

Pour moi, qui ai connu pendant quelques mois l’effort dans la fonction publique marseillaise, où ma principale fonction était personnelle et consistait à me gratter l’entre-jambe, la transition est difficile. Il est indispensable de combler rapidement cette différence d’éducation et s’intégrer pour ne pas à avoir à trouver une autre activité.

Dans ces entreprises japonaises, j’ai éprouvé la haute exigence des supérieurs, et ce même dans le service où le salaire horaire est plutôt bas. Pour arriver à profiter d’une partie des distractions que Tokyo offre, il faut que son temps libre soit proportionnellement très faible en comparaison à son temps de labeur.

En ce qui concerne mon intégration, une fois la compréhension du métier obtenue, je n’ai pas ressenti de distance entre le personnel Japonais et moi, certains sont même devenus de bons amis.

J’ai essayé d’être volontaire sans toutefois accepter les demandes injustifiées de manipulateurs, un profil de travailleur rencontré aussi en France et en Angleterre.

Je resterai au total sept années au Japon, en réussissant tant bien que mal à grimper socialement, obtenir un diplôme de Japonais et intégrer une entreprise Japonaise dans le domaine de l’import-export. D’un point de vue personnel aussi après l’enchaînement d’expériences amoureuses floues, je trouve une certaine stabilité pour devenir mari et père.

Je relate dans mon livre cette vie au Japon qui a même modifié mon caractère, je zoome sur mes expériences humaines et professionnelles et les analyse avec ma réflexion personnelle en employant un ton léger et humoristique. J’aboutis à des conclusions subjectives qui peuvent être étayées voire remise en cause.

J’espère que les lecteurs curieux ou bien passionnés du Japon y trouveront des informations pour conforter ou étoffer l’image qu’ils se font du pays. Ceux qui ont déjà une expérience du Japon et qui prévoient d’y vivre y trouveront, je l’espère, certains tuyaux pour faciliter leur intégration professionnelle et culturelle. Mais surtout, je souhaite que la lecture du livre vous soit agréable.

Après sept ans passé à Tokyo, je suis très loin de connaître la capitale nipponne et encore moins le Japon entier sur le bout des doigts, j’en apprends chaque jour et serai très heureux de pouvoir échanger sur le sujet avec tous ceux qui le souhaiteraient sur ma page facebook 7 ans au Japon.

Pour aller plus loin:

7 ans au Japon par Luca Marcovski

Livre autobiographique 7 ans au Japon, pour découvrir un peu plus profondément le pays du soleil levant par le biais de l’expérience de vie d’un jeune français.

Au travers de ce texte écrit sur un ton humoristique, vous pourrez trouver de nombreuses informations précieuses pour réussir une intégration culturelle et professionnelle au Japon.

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Luca Marcovski

Luca Marcovski est né à Marseille et gâté comme un prince par sa mère d'origine Italienne, il traverse l'adolescence avec un manque de confiance en soi et une addiction aux jeux-vidéos et dessins animés japonais du club Dorothée.

Le rêve entretenu d'un voyage au Japon devient enfin réalité à ses 23 ans, Luca enchaînera les visas pour y rester le plus longtemps possible et après avoir vécu des expériences professionnelles et amoureuses parfois loufoques il trouve enfin une stabilité dans son pays de cœur.

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