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Shigenko matsuri, japon, 2018
Shigenko matsuri, japon, 2018

Voyage au Japon: Shingenko matsuri

Affiche officielle du Shingenko Matsuri 2018
Affiche officielle du Shingenko Matsuri 2018

Le Shingenko matsuri est un festival japonais qui rend hommage au très célèbre Tigre du Kai: Shingen Takeda.

Ce festival se déroule chaque année, généralement la première ou la deuxième semaine d’avril pour l’anniversaire de la mort de Shingen (12 avril), à Kofu, dans le département de Yamanachi, fief du Daimyo. Si vous pouvez y assister, c’est vraiment quelque chose à ne pas manquer lors d’un voyage au Japon.

En 2018, le festival s’est tenu les 6, 7 et 8 avril. C’est l’occasion de découvrir une multitude d’animations, comme tout matsuri, à travers des jeux, des parades, des cérémonies traditionnelles ou bien des concours.

Vous pouvez également déguster les spécialités culinaires de la préfecture.

Le jour le plus important a été le 7 avril, celui de la grande parade des Samouraï! Ce regroupement de reconstituteurs (renactment) locaux comprend entre 1.000 et 1.500 personnes en tenue de samouraï et généraux d’époque et reproduisent le «bataillon Koshu»: les plus fidèles vassaux et leurs guerriers de Shingen Takeda.

A ce jour, le Shingenko Matsuri est reconnu par le Guinness World Records comme le plus grand rassemblement de samouraï au monde.

Cavalier samouraï Takeda Déroulement du Shingenko Matsuri

Les 3 jours du festival peuvent se faire si vous avez le temps, mais le cœur du festival sera bien le jour central, celui de la parade.

Nous avons décidé de faire les 3 jours, d’autant plus que Kofu était la « capitale » (Kofu signifiant: capitale de la province du Kai) de Shingen Takeda et qu’il y a plein de choses à voir tout autour de la ville en rapport avec le Daimyo (lieu de naissance, onsen, tombeau, etc.).

Jour 1 : Le 6 avril au soir s’est déroulé le « Princess Koihime Contest », le concours de princesses, ou une élection de miss régionale mais en plus classe et plus japonais.

Les participantes du Koihime Contest
Les participantes du Koihime Contest

7 participantes, de tout âge, en superbes kimono, se présentent tour à tour en rivalisant de gracieuseté, de spontanéité et de fraicheur, et s’affrontent sur la création de poème spontané (Haiku) imposé par le jury, leurs qualités personnelles, tout en promouvant leur chère préfecture de Yamanachi (et surtout Shingen Takeda, tant son nom est ressorti dans les discours).

Nous avions 2 favorites, une dame d’une cinquantaine d’année, la plus gracieuse et raffinée (hé oui : l’expérience !) et une jeune participante, très humble, mais parlant un français impeccable, ce qui nous a permis, ignares que nous sommes, de comprendre quelle était la teneur des discours de ces belles dames. C’est cette dernière qui a remporté ce concours de princesse.


Il faut aussi bien reconnaitre que l’organisation japonaise et les transitions entre les tableaux étaient impeccables. Cette princesse ainsi élue sera la représentante de la préfecture pendant un an, mais sera également Koihime lors de la parade du lendemain, la femme de Shingen. De nombreuses places assises nous on permis de nous reposer de notre «Takeda tour» du matin. En effet, nous avions profité de la matinée de libre pour visiter le sanctuaire Shinto Takeda Jinja fondé sur les ruines de la résidence Takeda.
Entrée du sanctuaire Takeda
Entrée du sanctuaire Takeda
Plan du sanctuaire Takeda
Plan du sanctuaire Takeda

A l’origine, la résidence Takeda n’était même pas un château, mais certainement une belle résidence fortifiée (les Takeda étaient assez confiants quant au fait que Kofu était quasiment imprenable). Il y a également un petit musée au cœur du sanctuaire, qui, pour quelques Yen, regorge de petits trésors, dont une bannière Fu Rin Ka Zan «dans son jus»!

Photos interdites malheureusement, peu ou prou d’explications en anglais, mais nous avons découvert que l’origine du Mon des Takeda se trouve au sommet d’une montagne alentour, qui, lorsque la neige la recouvre, laisse apparaître les 4 losanges emblématiques.

Mon des Takeda
Mon des Takeda

Vous pourrez également profiter de la proximité du tombeau de Shingen Takeda pour balader (et se perdre sciemment) dans les petites ruelles à flanc de montagne pour aller rendre hommage au Tigre du Kai.

Très bien entretenu et propret, le souvenir de Shingen est toujours bien vivace : fleurs, offrandes en tout genre (alcool, bonbons, argent), sotoba en bois. La stèle est bien veillée par les oripaux et les bannières du Seigneur. Dans le calme de la journée, entourée d’arbres en fleur, nous procédons nous-même à une offrande. Notre voyage s’est quand même organisé autour de Shingen Takeda.

Jour 2, le 7 avril, début de la parade. Le calendrier des activités est très dense, il ne faut pas hésiter à bien le décrypter pour sélectionner les activités à voir.

Nous nous rendons donc de nouveau au sanctuaire Shinto (très accessible en 5 minutes de bus depuis la gare, comptez 25/30 minutes à pieds en côte depuis la gare). Là, chacun des généraux et ses troupes vient recevoir la bénédiction des moines du sanctuaire.

L’uchronie n’est finalement pas gênante
L’uchronie n’est finalement pas gênante
Samouraï Sanada se délestant de son sashimono
Samouraï Sanada se délestant de son sashimono

En y allant tôt, c’est l’occasion d’approcher les reconstituteurs de très près, heureux de se faire prendre en photo et de prendre la pose. Il y a également quelques cosplayers (samouraï bien sûr) qui animent et en étant sympa avec eux, vous pouvez même avoir une visite expliquée des ruines de la résidence Takeda.

Les cosplayers posent volontiers avec les touristes
Les cosplayers posent volontiers avec les touristes

En effet, de nombreuses ruines sont encore visibles tout autour du sanctuaire, dont les douves et de larges pans de mur de protection. Il ne fait pas hésiter à faire le grand tour, des fouilles sont encore en excavation tout autour du sanctuaire.

Les fouilles révèlent l’emplacement de plusieurs bâtiments, dont une étable
Les fouilles révèlent l’emplacement de plusieurs bâtiments, dont une étable

Certains samouraï dont nous arrivons à échanger quelques mots sur les Yoroi et l’époque Momoyama nous demandent même si nous sommes allés voir l’expo au musée Guimet de Paris! Incroyable ! Toutefois, plus l’heure approche, plus l’ambiance devient festive autour du sanctuaire, et plus Shingen se fait languir.

Je prends place à l’entrée du temple pour avoir une belle vue, mais ce n’est pas trop ça, et la foule devient dense. Julien se place avant le Torii et peut même profiter de l’arrivée de Shingen. Avec la ponctualité hallucinante des japonais, c’est bien à l’heure prévue que le Seigneur sort d’une voiture, au pied du sanctuaire.

C’est l’euphorie générale. Couverts d’applaudissement, Shingen et son Kansuke se frayent un chemin dans la foule pour arriver au temple.

Arrivée de Shingen Takeda et Yamamoto Kansuke au temple, à droite de l’image, reconnaissables par leur coiffe
Arrivée de Shingen Takeda et Kansuke Yamamoto au temple, à droite de l’image, reconnaissables par leur coiffe

Nous entendons de fervents « Ue Sama » et sommes presque tentés de le faire également! Kansuke Yamamoto n’est pas en reste dans sa superbe armure noire laquée, brillante sous le soleil. Il est superbe. Ils sont superbes. Cette année, les « acteurs » étaient Dai Watanabe (le fils de Ken Watanabe) en Shingen Takeda et Takeshi Masu en Kansuke Yamamoto. 2 figures connues du cinéma et de la télévision japonaise.

La cérémonies au temple dure au moins 20 minutes, puis Shingen en rockstar se laisse prendre en photos avant de retrouver sa voiture et continuer sa tournée de la journée.

Nous en profitons d’être au sanctuaire pour assister ensuite à un assez improbable «battle de danse».

Heureusement, nous profitons aussi d’une représentation plus traditionnelle de Koto, un instrument à corde traditionnel, sur l’estrade d’un bâtiment du temple à part, magnifiquement interprétée par de vieilles dames et accompagné à la flûte par un vieux monsieur.

Concert de Koto
Concert de Koto

Nous redescendons au centre-ville, dans le parc du château Maizuru. Avant de se rassembler dans la cour intérieure du château, les généraux et leur samouraï se rendent à la statue de Shingen Takeda, à la gare de Kofu.

Les Sanada au pied de la statue de Shingen Takeda
Les Sanada au pied de la statue de Shingen Takeda
Les seigneurs se reposent, avec ce beau soleil, il doit faire chaud sous ces apparats
Les seigneurs se reposent, avec ce beau soleil, il doit faire chaud sous ces apparats

Si les troupes se regroupent dans le château, les spectateurs sont redirigés au pied du château dans le jardin. Nous nous installons sur la pelouse pour assister à une représentation sur scène. Les généraux se rassemblent sur la scène avec les principaux bannerets mais aussi les figures féminines importantes, dont notre Koihime de la veille.

Devant eux, une rangée de places assises est installée. Nous n’avons pas osé nous y aventurer, pensant, en bon occidentaux, qu’il s’agissait de places réservées, mais il semblerait que non. Ils s’assoient tous, les 1500 qu’ils sont, permettant à la seconde rangée de spectateurs debouts, de profiter du spectacle.

Au fond, notre Koihime de la veille s’installe sur l’estrade
Au fond, notre Koihime de la veille s’installe sur l’estrade
Plan large de la scène. Au premier plan, les ashigaru, les archers, les tireurs à armes à feu et autres représentants de la caste guerrière sont impeccablement alignés derrière une première rangée de spectateurs assis
Plan large de la scène. Au premier plan, les ashigaru, les archers, les tireurs à armes à feu et autres représentants de la caste guerrière sont impeccablement alignés derrière une première rangée de spectateurs assis
Les Mon sur les Kabuto nous permettent de reconnaitre les généraux, dont un Sanada à l’extrême gauche et ses bois de cerf sur kabuto rouge
Les Mon sur les Kabuto nous permettent de reconnaitre les généraux, dont un Sanada à l’extrême gauche et ses bois de cerf sur kabuto rouge
Arrivée très attendue de Kansuke Yamamoto
Arrivée très attendue de Kansuke Yamamoto

Enfin, Shingen Takeda arrive. S’en suit ensuite une scène de 30 minutes approximativement dans laquelle Shingen reçoit du sake et se fait coiffer de son Kabuto emblématique, récite une tirade impérieuse certainement envers Uesugi Kenshin à la réception d’une missive.

Le nom du glorieux ennemi de Shingen Takeda ressort à plusieurs reprises dans sa tirade, ainsi que « Echigo », et aux vues des vociférations du public, des soldats et des généraux, nous pensons qu’il s’agit donc de la déclaration de guerre d’une des batailles de Kawanakajima.

Etendards (dont sponsors) et remparts
Etendards (dont sponsors) et remparts

A la fin de cette cérémonie, toute la foule de badauds s’éparpille en un clin d’œil pour se restaurer ou assister aux différentes représentations qui s’offrent à travers la ville, c’est pourquoi l’étude et la traduction du planning est important en amont.

Nous manquons la représentation de Taiko, mais tombons nez à nez avec des cavaliers retardataires dans les rues de la ville, rejoignant le cortège avant la grande procession des 24 généraux. Le Japon, pour nous, a été: toujours au bon endroit au bon moment!

Vers 17h, nous rejoignons l’avenue principale de Kofu où la procession des 24 généraux est bien entamée. Des japonais me laissent gracieusement prendre place devant eux dans la foule, je suis aux premières loges ! Je m’assois et me fait toute petite pour ne pas les gêner, me confondant en excuses. Ils m’indiquent même les noms des généraux au fur et à mesure.

Bannerets dans les derniers rayons du soleil
Bannerets dans les derniers rayons du soleil
Arquebusières portant le sashimono Yamamoto
Arquebusières portant le sashimono Yamamoto

Enfin, Kansuke Yamamoto arrive à cheval sous les applaudissements. Il rutile sous les projecteurs, mais prend le temps de saluer chaque côté de la foule, de s’arrêter quelques minutes pour les photos.

Kansuke Yamamoto prend le temps de saluer la foule
Kansuke Yamamoto prend le temps de saluer la foule

L’acteur choisi pour incarner Kansuke Yamamoto est très charismatique et dégage une vraie force, telle que la représentation populaire a fait de ce général.
Puis c’est au tour de Shingen Takeda d’apparaître à cheval également, dans son armure orange et or, ses soieries miroitantes.

Shingen descend tranquillement l’avenue
Shingen descend tranquillement l’avenue
Gunbai, éventail de guerre en bois non pliable
Gunbai, éventail de guerre en bois non pliable

Nous avons eu droit à un très bel acteur, jeune, en pleine force de l’âge, qui joue très bien de son charme et d’un sourire en coin énigmatique. Un Shingen séduisant, confiant et autoritaire. Nous sommes sous le charme !

Puis retour dans les jardins du château Maizuru vers 19h pour la cérémonie de la Victoire. C’est une scénette de 20 minutes environ entre Shingen et Kansuke, victorieux. Le ton doit être léger et humoristique car la foule rigole par instant.

Dialogue entre les 2 acteurs
Dialogue entre les 2 acteurs

Puis ils disparaissent un peu vite après de chaleureux remerciements. Mais à notre surprise, ils réapparaissent sur les marches du château, bien au-dessus de la scène, ils renouvellent leurs remerciements et disparaissent dans un nuage de fumée. Là nous sommes satisfaits !

C’est un peu too much mais une belle fin tout de même. Nous gardons de très beaux souvenirs de cette journée. Nous arrivons même, alors que tous les spectateurs ont déserté, à échanger quelques mots d’humour avec l’orateur principal et il se prête volontiers à notre demande de photo avec lui.

C’est avec beaucoup de gentillesse que l’orateur se prête au jeu des photos, autant avec les adultes qu’avec les enfants
C’est avec beaucoup de gentillesse que l’orateur se prête au jeu des photos, autant avec les adultes qu’avec les enfants

Le lendemain, le 8 avril, les samouraï ont disparu du jardin du château Maizuru et laissent place à leurs contemporains dans leur keikogi indigo, leur men et leur shinai. De 5 à 80 ans, les kendoka sont à l’honneur, mais pas que!

Les pratiquants (ou plutôt les pratiquantes) de Naginata, d’Iaido et de Kyudo présentent leur Kata avec grâce et dignité.

Kata d’Iaido
Kata d’Iaido

Des combats de kendo improbables où le but est de faire éclater les ballons de baudruche fixés sur les men égaillent l’ambiance.

Vers midi, tous les participants se rassemblent et les Sensei, sur l’estrade, entonne le chant des Takeda Bushi, repris rapidement par la foule.

Pendant 2 heures nous assistons à ce grand regroupement, avant de voir affluer des dizaines d’enfants, en petits Daimyo, guerriers ou princesses! C’est la journée du Shingenko dédiée aux enfants! Très mignons, ils ont l’air tellement autoritaires à prendre leur rôle si au sérieux!

Enfants bushis ou Seigneurs, aussi sérieux que les adultes!
Enfants bushis ou Seigneurs, aussi sérieux que les adultes!

Malheureusement, l’heure pour nous est arrivé de quitter Kofu pour Kyoto. En nous rapprochant de la gare, nous avons encore la joie de pouvoir assister à une cérémonie traditionnelle du thé dans la gare.

Etant de grands admirateurs de Furuta Oribe, nous apprécions grandement ce moment et partageons notre enthousiasme auprès de nos charmantes hôtesses, très surprises d’entendre de la part de Gaijin des noms tels que Rikyu Sama et Oribe !

Sur l’esplanade de la gare, nous profitons des dernières représentations d’équilibristes, de danseurs et danseuses traditionnels,

Danses traditionnelles, dans laquelle petits et grands, hommes et femmes participent
Danses traditionnelles, dans laquelle petits et grands, hommes et femmes participent

avant de voir arriver en grande pompe et grands bruits des autels portatifs, les Mikoshi, sur lesquels sont juchés de jeunes enfants, qui semblent tout à fait à leur aise et battent la cadence avec leur éventails.

Quelle ambiance ! Entre les porteurs en sueurs, hommes et femmes, les suiveurs qui scandent la cadence à grands renforts de flûte, de tambour et de chants, les freineurs qui accélèrent et décélèrent le pas, les enfants et la foule qui s’amassent, c’est pour nous une immersion dans ce moment très traditionnel du Matsuri!

Les enfants juchés sur les Mikoshi sont très à l’aise et battent la cadence
Les enfants juchés sur les Mikoshi sont très à l’aise et battent la cadence

Après un dernier salut à la statue de Shingen Takeda, nous reprenons notre route vers Kyoto, avec le cœur un peu serré de quitter la ville de Kofu, à l’ombre du Fuji Yama.
Nous retiendrons que le cœur de ce festival est bien sûr le jour de la réincarnation physique de Takeda Shigen, mais ce Matsuri vaut bien le détour des 3 jours.

Très animé et gai, ce festival nous a permis de nous rendre compte que le grand Tigre du Kai a bien mérité son surnom et que sa mémoire reste bien entrenue auprès des habitants de Kofu.

Nous avons eu un très beau temps, ce qui a permis de se balader avec plaisir sur les traces de Shigen! Il est certain que le Shigenko Matsuri est vraiment à voir un jour et que nous y reviendrons!

Statue de Takeda Shingen
Statue de Shingen Takeda

Liens utiles:
http://en.kofushingen.jp/tourism/t02.php
http://www.yamanashi-kankou.jp/shingen/english/about.html
https://twitter.com/ShingenFes

Dye et Julius Guibs

Grands amoureux du Japon médiéval et de leurs Daimyo, toujours en quête de connaissances.

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