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Capitulation du Japon, 1945, titre de journal
Capitulation du Japon, 1945, titre de journal

Pourquoi le Japon s’est-il rendu en août 1945? (2/2)

Signification stratégique

Si les Japonais n’étaient pas concernés par le bombardement des villes en général ou le bombardement atomique d'Hiroshima en particulier, par quoi étaient-ils préoccupés? La réponse est simple: l’Union Soviétique.

Les Japonais étaient dans une situation stratégique relativement difficile. Ils approchaient de la fin d’une guerre qu’ils perdaient. Les conditions étaient mauvaises. Cependant, l’armée était encore forte et bien approvisionnée. Près de 4 millions d’hommes étaient sous les armes et 1,2 million de ceux-ci gardaient l’intérieur des îles du Japon.

Même les dirigeants les plus extrémistes du gouvernement japonais étaient conscients que la guerre ne pouvait pas continuer. La question n’était pas de poursuivre la guerre, mais comment l’amener à sa fin dans les meilleures conditions possibles. Les Alliés (les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, et d’autres – rappelez-vous que l’Union Soviétique était encore neutre à cette époque) exigeaient « une capitulation inconditionnelle ». Les dirigeants japonais espéraient trouver un moyen d’éviter les crimes de guerre, continuer leur forme de gouvernement, et garder une partie des territoires conquis: la Corée, le Vietnam, la Birmanie, des parties de la Malaisie et de l’Indonésie, une grande partie de la Chine orientale, et de nombreuses îles du Pacifique.

Possession japonaise en Asie en 1945
Possession japonaise en Asie en 1945

Ils pensaient disposer de deux options stratégiques pour obtenir de meilleures conditions de capitulation. La première était diplomatique. En avril 1941, le Japon avait signé un pacte de neutralité de cinq ans avec les Soviétiques qui arrivait à terme en 1946. Un groupe composé principalement de leaders civils dirigé par le Ministre des Affaires Étrangères Shigenori Togo espérait que Staline pourrait être convaincu d’intervenir comme médiateur entre les Etats-Unis et ses alliés d’une part et le Japon de l’autre. Même si ce plan avait peu de chances de réussir, il relevait d’une solide réflexion stratégique. Après tout, il était de l’intérêt de l’Union Soviétique de s’assurer que les termes de l’accord ne soient pas trop favorables aux Etats-Unis: toute augmentation de l’influence et de la puissance des Etats-Unis en Asie se traduirait par une diminution de la puissance et de l’influence Soviétique.

La deuxième option était militaire, et la plupart de ses partisans, dirigés par le Ministre de l’Armée Korechika Anami, étaient des militaires. Ils espéraient utiliser les troupes terrestres de l’armée Impériale pour infliger de lourdes pertes aux forces américaines lors de leur invasion. S’ils réussissaient, ils pensaient être en mesure d’obtenir des Etats-Unis de meilleures conditions. Cette stratégie avait peu de chance de réussir. Les Etats-Unis semblaient profondément attachés à la capitulation inconditionnelle. Néanmoins, dans les cercles de l’armée américaine, on considérait que le nombre estimé de victimes suite à une invasion du Japon était prohibitif. Le haut commandement japonais avait donc une bonne notion de la réalité.

Une façon d’évaluer si c’est le bombardement d’Hiroshima ou la déclaration de guerre de l’Union Soviétique qui a provoqué la capitulation du Japon, est de comparer la façon dont ces deux événements ont affecté la situation stratégique. Après qu’Hiroshima ait été bombardée le 8 août, les deux options étaient toujours viables. Il aurait encore été possible de demander à Staline de servir de médiateur (et les notes du journal personnel de Takagi du 8 août montrent que certains des dirigeants japonais considéraient la possibilité d’obtenir la participation de Staline). Il aurait également encore été possible d’essayer de livrer une dernière bataille décisive et d’infliger de lourdes pertes aux américains. La destruction d’Hiroshima n’avait en rien diminué l’état de préparation des troupes dans les tranchées sur les plages des îles principales du Japon. Il y avait maintenant une ville de moins derrière eux, mais les troupes restaient en place, avaient encore des munitions, et leur puissance militaire n’avait pas été diminuée de manière importante. Bombarder Hiroshima n’a donc éliminé aucune des options stratégiques du Japon.

Par contre, l’impact de la déclaration de guerre soviétique et l’invasion de la Mandchourie et de l’île de Sakhaline fut tout à fait différent. Une fois que l’Union Soviétique déclara la guerre, Staline ne pouvait plus être utilisé comme médiateur, il était maintenant devenu un agresseur. L’option diplomatique était éliminée par la décision soviétique. L’effet sur la situation militaire était tout aussi dramatique. La majorité des meilleures troupes du Japon avaient été déplacées vers la partie sud des îles. L’armée japonaise avait correctement estimé que la première cible probable d’une invasion américaine serait l’île méridionale de Kyushu. L’armée du Kwantung autrefois forte en Mandchourie, n’était plus que l’ombre d’elle-même car ses unités d’élite avaient été rapatriées pour défendre le Japon. Quand les Russes envahirent la Mandchourie, ils anéantirent sans effort ce qui était auparavant une armée d’élite. Seul le manque d’essence obligea de nombreuses unités russes à s’arrêter. La 16e armée Soviétique forte de 100.000 hommes lança quant à elle une invasion de la moitié sud de l’île de Sakhaline. Leurs ordres était d’éliminer toute résistance sur l’île, et, dans les 10 à 14 jours qui suivaient, d’être prêts à envahir Hokkaido, la plus septentrionale des îles de l’intérieur du Japon. La force japonaise chargée de défendre Hokkaido, la 5e armée, ne comptait que deux divisions et deux brigades qui étaient retranchées dans des positions fortifiées sur le côté est de l’île. Le plan soviétique d’attaque planifiait une invasion d’Hokkaido par l’ouest.

Invasion de la Mandchourie par l'Union Soviétique
Invasion de la Mandchourie par l’Union Soviétique

Nul besoin d’être un génie militaire pour comprendre que, s’il est possible de combattre une bataille décisive contre une grande puissance militaire venant d’une direction, il n’est pas possible de lutter contre deux puissances militaires attaquant de deux directions différentes. L’invasion soviétique invalide la stratégie militaire de « la bataille décisive », ainsi que la stratégie diplomatique. D’un seul coup, toutes les options du Japon disparaissent. L’invasion soviétique était donc stratégiquement décisive (elle réduit à néant les deux options du Japon) – au contraire du bombardement d’Hiroshima qui n’a influencé aucune de ces options.

La déclaration de guerre soviétique modifie également le temps restant pour manœuvrer. L’intelligence japonaise prédit que les forces américaines ne pourront pas lancer leur invasion avant des mois. Les troupes soviétiques, quant à elles peuvent arriver au Japon en moins de dix jours. La décision soviétique d’envahir le Japon a donc une grande influence sur la durée de la guerre.

Les dirigeants du Japon avaient atteint cette conclusion quelques mois auparavant. Lors d’une réunion du Conseil Suprême en juin 1945, il est souligné que l’entrée en guerre de l’Union Soviétique « déterminerait le destin de l’Empire ». Le chef adjoint d’état-major de l’armée affirme dans cette même réunion que « le maintien absolu de la paix avec l’Union Soviétique est impératif pour la poursuite de la guerre ».

Les dirigeants japonais ont fait montre d’un désintérêt constant pour le bombardement qui détruisait leurs villes. S’ils ont probablement tort quand le bombardement commence en mars 1945, quand Hiroshima est frappé, ils ont certainement raison de considérer les bombardements comme des événements mineurs en termes d’impact stratégique. Lorsque le président Harry Truman menace le Japon d’une « pluie de ruines » sur les villes japonaises si le Japon ne se rend pas, peu de gens aux Etats-Unis réalisent qu’il reste très peu de villes à détruire. Le 7 août, lorsque Truman fait cette déclaration, il reste seulement dix villes de plus de 100.000 habitants qui n’ont pas été bombardées. Le 9 août, après l’attaque de Nagasaki, seulement neuf villes sont indemnes. Quatre d’entre elles sont sur l’île septentrionale de Hokkaido, difficile à bombarder à cause de la distance de l’île de Tinian où les avions américains sont basés. Kyoto, l’ancienne capitale du Japon, a été retirée de la liste des cibles par le Secrétaire à la Guerre Henry Stimson en raison de son importance religieuse et symbolique. Ainsi, malgré la redoutable menace de Truman, après le bombardement de Nagasaki, il reste seulement quatre grandes villes qui peuvent être atteintes par les armes atomiques américaines.

"Fat man". la bombe atomique larguée sur Nagasaki
« Fat man ». la bombe atomique larguée sur Nagasaki

La rigueur et l’ampleur de la campagne de bombardement des villes par l’armée de l’air des Etats-Unis peuvent être mesurées par le fait qu’ils ont bombardé tellement de villes japonaises qu’ils en ont été réduits à bombarder les « villes » de 30.000 habitants ou moins. Dans le monde moderne, 30.000 habitants n’est guère plus qu’un grand village.

Évidemment, il aurait toujours été possible de bombarder à nouveau des villes qui avaient déjà été bombardées avec des bombes incendiaires. Mais ces villes étaient déjà, en moyenne, détruites à 50%. Les Etats-Unis auraient aussi pu bombarder les petites villes avec des armes atomiques. Cependant il y avait seulement six petites villes (comptant entre 30.000 et 100.000 habitants) qui n’avaient pas encore été bombardées. Si l’on considère que 68 villes japonaises avaient été bombardées sans provoquer davantage qu’un haussement d’épaule de la part des japonais, il n’est guère surprenant que les dirigeants nippons n’aient pas été impressionnés par la menace de nouveaux bombardements.

Une interprétation bien commode

Malgré l’existence de ces trois objections importantes, l’interprétation traditionnelle conserve encore une forte emprise sur la pensée de beaucoup de gens, en particulier aux Etats-Unis. Il y a une résistance réelle à regarder les faits. Mais cela n’est guère surprenant. Il est important de se rappeler à quel point l’explication traditionnelle d’Hiroshima est émotionnellement plus acceptable à la fois pour le Japon et les Etats-Unis. Les idées peuvent persister parce qu’elles sont vraies, mais malheureusement, elles peuvent aussi persister parce qu’elles sont émotionnellement satisfaisantes. Elles remplissent un besoin psychologique important. Par exemple, à la fin de la guerre, l’interprétation traditionnelle a aidé les dirigeants japonais à atteindre un certain nombre d’objectifs politiques importants, à la fois nationaux et internationaux.

Mettez-vous à la place de l’empereur. Vous venez de conduire votre pays dans une guerre désastreuse. L’économie est anéantie. Quatre-vingt pour cent de vos villes ont été bombardées et brûlées. L’armée va de défaite en défaite. La marine a été décimée et confinée au port. La famine est imminente. En bref, la guerre a été une catastrophe et, pire que tout, vous avez menti à la population quant à la situation réelle. Ils seront choqués par les nouvelles de la capitulation. Alors que faire? Avouer que vous avez lamentablement échoué? Publier une déclaration indiquant que vous avez spectaculairement mal évalué la situation, avez fait des erreurs répétées, et en conséquence, avez ruiné la nation? Ou blâmeriez-vous plutôt la défaite sur une percée scientifique étonnante que personne ne pouvait prévoir? En mettant la responsabilité de la défaite sur la bombe atomique, toutes les erreurs de jugement de la guerre ont pu être balayées sous le tapis. La bombe a été l’excuse parfaite pour avoir perdu. Pas besoin d’assumer ses responsabilités, aucun tribunal d’enquête n’a besoin d’être tenu. Les dirigeants japonais ont pu prétendre qu’ils avaient fait de leur mieux. La bombe a donc servi de bouc émissaire.

Mais attribuer la défaite du Japon à la bombe a également servi trois autres objectifs politiques spécifiques. Tout d’abord, elle a permis de préserver la légitimité de l’empereur. Si la guerre a été perdue non pas à cause de ses erreurs mais à cause d’une arme imprévisible de l’ennemi, l’empereur peut continuer à trouver du soutien au Japon.

Deuxièmement, elle a attiré la sympathie internationale. Le Japon a fait la guerre agressivement et s’était montré particulièrement brutal envers les peuples conquis. Son comportement était susceptible d’être condamné par les autres nations. Pouvoir présenter le Japon comme une nation victime, injustement bombardée avec une arme de guerre cruelle et terrible, permettait de compenser une partie des actes moralement répugnants commis par l’armée japonaise. Attirer l’attention sur les bombardements atomiques a aidé à présenter le Japon sous une lumière plus sympathique et à éviter des sanctions plus sévères.

Enfin, dire que c’est la bombe qui a gagné la guerre faisait plaisir aux vainqueurs. L’occupation américaine a officiellement continué au Japon jusqu’en 1952, et pendant ce temps, les Etats-Unis ont pu changer et remodeler la société japonaise comme ils l’entendaient. Pendant les premiers jours de l’occupation, de nombreux responsables japonais craignaient que les américains n’abolissent l’institution impériale. Ils avaient également un autre souci. Un grand nombre de hauts responsables du gouvernement japonais savaient qu’ils pouvaient faire face à des procès pour crimes de guerre (les crimes de guerre contre les dirigeants allemands étaient déjà en cours en Europe au moment de la capitulation du Japon). L’historien japonais Asada Sadao a déclaré dans beaucoup d’interviews d’après-guerre que « les responsables japonais … étaient manifestement soucieux de plaire à leurs interrogateurs américains. » Si les Américains voulaient croire que la bombe avait gagné la guerre, pourquoi les décevoir?

Signature des actes de capitulation du Japon sur le pont du USS Missouri
Signature des actes de capitulation du Japon sur le pont du USS Missouri

Attribuer la fin de la guerre à la bombe atomique a servi les intérêts du Japon de multiples façons. Mais elle a également servi les intérêts américains. Si la bombe a gagné la guerre, la perception de la puissance militaire américaine en était renforcée, l’influence diplomatique américaine en Asie et dans le monde augmentait, et la sécurité des Etats-Unis était accrue. Les 2 milliards de dollars mobilisés pour construire la bombe n’avaient pas été dépensés en vain. Si, d’autre part, l’entrée de l’Union Soviétique dans la guerre était ce qui avait forcé le Japon à se rendre, les Soviétiques pouvaient prétendre qu’ils étaient capables de faire en quatre jours ce que les Etats-Unis avaient été incapables de faire en quatre ans, et la perception de la puissance militaire et l’influence diplomatique soviétiques en sortiraient renforcées. Et une fois que la guerre froide avait commencé, affirmer que l’entrée soviétique avait été le facteur décisif aurait été l’équivalent d’aider l’ennemi.

Compte tenu des questions soulevées ici, il est troublant de considérer qu’Hiroshima et Nagasaki sont au cœur de tout ce que nous pensons connaître des armes nucléaires. Ces deux bombardements sont le fondement de l’importance que nous donnons aux armes nucléaires, de leur statut unique, de l’idée que les règles normales ne s’appliquent pas aux armes nucléaires. Ils sont l’unité de mesure de la menace nucléaire pour la première fois évoquée par Truman annonçant une « pluie de ruine » sur le Japon. Ils sont la clé de l’aura de puissance énorme qui entoure ces armes et les rend si importantes dans les relations internationales.

Mais que devons-nous faire de toutes ces conclusions si l’histoire traditionnelle d’Hiroshima est mise en doute? Hiroshima est le centre, le point à partir duquel toutes les autres affirmations dérivent. Pourtant, l’histoire que nous nous racontons semble assez éloignée des faits. Que devons-nous penser des armes nucléaires si les conséquences de cette première utilisation – le miracle de la capitulation subite du Japon – se révèlent un mythe?

Suivez ce lien vers la première partie sur les raisons pour lesquelles le Japon s’est rendu en août 1945.

Source: The Bomb Didn’t Beat Japan … Stalin Did

Ward Wilson

Senior Fellow with BASIC (the British American Security Information Council) and director of the Rethinking Nuclear Weapons project.
  1. Bonjour, étant passionné d’histoire et du japon, j’aimerai savoir si vous pouvez fournir vos source s’il vous plait. En effet , le manque d’impact deux deux bombes atomiques sur la stratégie militaire japonaise me consterne.

    1. Il faudrait que je demande à l’auteur. Par contre, avez-vous lu la première partie de l’article? Elle explique clairement pourquoi l’impact n’est pas celui auquel on pourrait attendre.

      1. Je tache de lire le premier article sur le champ. Je tiens tout de même une bibliographie ou des sources car pour le coup ça change quelques peu ma vision sur la stratégie de l’État-major japonais .

  2. En fait détrompez moi mais la bombe n’a pas vraiment d’impact militairement, c’est sur que ce ne sont pas les pertes humaines qui influençaient les décisionnaires japonais.
    Mais plutôt une importance politique en permettant au japon de garder la face, ils savaient très bien que la situation n’était plus tenable et ce fut en effet une échappatoire plus qu’honorable permettant de justifier le fiasco auprès du peuple, d’atténuer les crimes de guerre commis de par la compassion engendrée et éventuellement de perpétuer la tradition impérial en dédouanant ce dernier au maximum et ce avec la complaisance tacite des vainqueurs que tout cela arrangeait bien.

    Mais si le japon n’avait pas capituleé qu’aurait fait les US ? continuer de balancer des bombes A ? on dit que Tokyo était la prochaine cible, et après ? ils n’allaient quand même pas atomiser la totalité du pays

  3. Bon article qui remet bien en place les faits au regard de l’attitude de l’Etat-major japonais qui s’inquiète moins des bombes que de l’entrée en guerre des soviétiques.
    J’ai eu l’occasion d’entendre des survivants de Nagasaki et ces derniers témoignent que des équipes médicales américaines étaient présentes peu après l’explosion. Ceci, croisé avec le fait que les américains ont lancé deux types de bombes différentes, les amenaient à penser que les américains auraient eu un autre intérêt, celui de tester leurs bombes sur une population humaine.
    Alors, theorie du complot ou analyse éclairée ? Quelqu’un a-t-il des sources fiables à ce sujet ?

  4. Si la thèse généralement admise est , que c’est la bombe atomique américaine qui a fait capituler ou tout autre synonyme, le Japon , apparemment la vôtre et l’autre article sur ce site que je viens de lire , tout en étant très bien argumentée malgré toutes ses omissions , est clairement en faveur de l’URSS qui jusqu’à preuve du contraire n’ont pas mis le pied sur le sol japonais pour se battre, et peut-être même pas bombardée l’île ? Peut-être est-ce moins caricatural que vous ne le laissez croire ? Qu’en pensez-vous ?

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