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Mitsubishi zero
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Hirohito (2/3): le début de l’ère Showa et la guerre

Les premières années

Soldat de l'armée impériale japonaise
Soldat de l’armée impériale japonaise

La première partie du règne d’Hirohito, entre 1926 et 1945, fut marquée par la montée en puissance des militaires dans le gouvernement, par des moyens légaux ou autres. L’armée et la marine impériales détenaient un pouvoir de veto sur la nomination des cabinets depuis 1900 et, entre 1921 et 1944, il n’y eut pas moins de 64 incidents de violence d’extrême-droite.

Un des plus importants fut l’assassinat, en 1932, du premier ministre modéré Tsuyoshi Inukai qui marqua la fin de tout contrôle civil sur l’appareil militaire. Il fut suivi par une tentative de putsch en 1936 par de jeunes officiers de l’armée, déclenchée par la perte d’influence de la faction militariste aux élections à la Diète. Le putsch eut pour conséquence le meurtre d’un certain nombre de personnalités du gouvernement et de l’armée, et fut maté sur ordre de l’empereur Hirohito qui prit un rôle majeur dans cet affrontement.

Malgré ça, à partir des années 30, les militaires réunissaient presque tout le pouvoir politique au Japon et suivirent des politiques qui menèrent le Japon à la deuxième guerre sino-japonaise et finalement à la seconde guerre mondiale.

La seconde guerre mondiale

Hirohito, empereur Showa
Hirohito, empereur Showa

Au sortir de la guerre, beaucoup croyaient que l’empereur Showa était le cerveau diabolique derrière le déclenchement de la guerre alors que d’autres affirmaient qu’il était juste une potiche sans pouvoir réel. Beaucoup de gens en Chine, à Taiwan, en Corée et en Asie du Sud-Est voyait en Hirohito l’Hitler de l’Asie, et certains pensaient qu’il aurait du être jugé pour crimes de guerre. A cause de ça, beaucoup d’habitants des pays qui furent victime de l’agression japonaise ont, encore à ce jour, une attitude hostile vis-à-vis de la famille impériale. La vraie question est: quel était le contrôle effectif d'Hirohito sur les militaires japonais pendant les 2 guerres. La version officielle du palais impérial et des forces d’occupation américaines immédiatement après la fin de la seconde guerre mondiale était qu'Hirohito s’en était tenu strictement au protocole et n’avait pas participé aux processus de décision. D’un autre côté, Herbert Bix a présenté un grand nombre de faits qui accréditent la thèse que l’empereur avait un grand contrôle de l’appareil militaire par le biais d’intermédiaires et qu’il était, en fait, derrière la plupart des événements des deux guerres.

Le 4 septembre 1941, le gouvernement japonais se réunit pour évaluer les plans de guerre préparés par le quartier général impérial et décida que:

Notre empire, afin d’être en mesure de se défendre, achèvera ses préparations de guerre… [et est]… déterminé à entrer en guerre avec les Etats-Unis, le Royaume Uni et la Hollande si besoin est. Simultanément, notre empire engagera diplomatiquement les Etats-Unis et le Royaume Uni dans le but de satisfaire nos objectifs… Si jamais il apparaissait que nos demandes ne pouvaient être satisfaites dans les 10 premiers jours d’octobre par les négociations diplomatiques décrites ci-dessus, nous déciderons de commencer immédiatement les hostilités contre les Etats-Unis, le Royaume Uni et la Hollande.

Les « objectifs » étaient clairement définis: avoir les mains libres pour continuer la conquête de la Chine et de l’Asie du Sud-Est, aucune augmentation des forces militaires américaines ou anglaises dans la région, et coopération des occidentaux dans « l’acquisition des ressources nécessaires à notre empire ».

Premier ministre Konoe
Premier ministre Konoe

Le 5 septembre, le premier ministre Fumimaro Konoe présenta de manière informelle un brouillon de la décision à l’empereur, un jour seulement avant la conférence impériale au cours de laquelle il serait formellement approuvé. D’après la version officielle (encore un fois contredite par les résultats des recherches d’Herbert Bix), Hirohito était très inquiet de la décision de mettre la priorité d’abord sur les préparations de guerre, puis sur les négociations diplomatiques et annonça son intention de rompre avec le protocole vieux de plusieurs siècles et de poser directement des questions aux chefs de l’armée et de la marine, lors de la conférence impériale le jour suivant, une action sans précédent. Konoe convainquit Hirohito de leur accorder plutôt une audience privée au cours de laquelle l’empereur leur demanda explicitement de rechercher un accord de paix « jusqu’au dernier moment ». L’amiral Osami Nagano, un ancien ministre de la marine très expérimenté, confia plus tard à un collègue sûr que « je n’avais jamais vu l’empereur nous réprimander de la sorte, le visage pourpre et haussant la voix! ».

Néanmoins, tous les orateurs de la conférence impériale était unanimement en faveur de la guerre plutôt que de la diplomatie. Le baron Yoshimichi Hara, président du conseil impérial et représentant de l’empereur, les questionna étroitement, obtenant des réponses de certains signifiant que la guerre ne serait une option qu’en dernière extrémité, et le silence d’autres.

A ce stade, l’empereur stupéfia tous ceux qui étaient présents en s’exprimant personnellement à la conférence, laissant ses conseillers bouche bée par la rupture de la tradition impériale de silence. (Description de l’événement par le premier ministre Konoe). L’empereur Hirohito insista alors sur l’importance de la résolution pacifique des problèmes internationaux, exprima ses regrets de voir ses ministres éviter les questions du baron Hara, et récita un poème écrit pas son grand-père, l’empereur Meiji qu’il avait lu « encore et encore »:

Je pense que tous les peuples du monde sont frères, alors. Pourquoi les vagues et le vent sont si troublés de nos jours?

Se remettant de ce choc, les ministres se pressèrent d’exprimer leurs vœux le plus profond d’explorer toutes les solutions possibles de paix. Les préparations de guerre continuèrent cependant sans la moindre modification et, quelques semaines plus tard, le gouvernement remplaça Konoe, opposé à la guerre contre les puissances occidentales, par un partisan d’une ligne dure, le général Hideki Tojo, choisi par Hirohito. Le 8 décembre 1941 (le 7 à Hawaï), par des frappes simultanées, les forces japonaises attaquèrent la flotte américaine de Pearl Harbor et commencèrent l’invasion de l’Asie du Sud-Est. A partir de ce moment, un retour en arrière n’était plus possible

Premier ministre Tojo
Premier ministre Tojo

Quelle que fut sa participation aux événements qui menèrent au déclenchement des hostilités, avec une nation désormais entièrement engagée dans la guerre, l’empereur s’intéressa de près à l’évolution de la situation militaire et fit tout ce qu’il pouvait pour soutenir le moral de la nation. Au début, les nouvelles du front étaient toutes bonnes. Quand le cours de la guerre commença à s’inverser (entre la fin de 1942 et le début de 1943), certains personnes soutiennent que les informations transmises au palais impérial avaient de moins en moins de relation avec la réalité, alors que d’autres suggèrent que l’empereur travaillait en contact étroit avec le premier ministre Tojo, était tenu au courant par les militaires et connaissait précisément la situation militaire jusqu’à la capitulation. Dans les six premiers mois de la guerre, toutes les batailles majeures s’étaient conclues par des victoires. Pendant les années qui suivirent, les batailles à l’issue indécise ou celles perdues furent présentées à la nation comme de grandes victoires. Il ne devint apparent au peuple que petit à petit que la situation était sans espoir. Les raids aériens américains sur les villes japonaises qui commencèrent en 1944 mirent à jour les mensonges sur les victoires sans fin.

Les derniers jours de la guerre

Débarquement US à Leyte
Débarquement US à Leyte

Au début de 1945, après la perte de Leyte, l’empereur commença une série de consultations individuelles avec les membres les plus élevés du gouvernement pour faire le point sur les progrès de la guerre. Tous sauf un lui conseillèrent de continuer. L’exception était l’ex-premier ministre Fumimaro Konoe qui craignait une révolution communiste encore plus que la défaite et exhorta l’empereur à une capitulation négociée. Hirohito décida que la paix était essentielle mais que les forces armées devraient obtenir une grande victoire militaire quelque part afin d’avoir une meilleure position pour négocier. Chaque semaine supplémentaire qui passait diminuaient les chances d’obtenir un tel résultat. L’Allemagne, alliée du Japon, capitula en mai 1945. En avril, l’URSS indiqua qu’elle ne renouvellerait pas le pacte de neutralité. En juin, le gouvernement confirma de nouveau la même stratégie de combat jusqu’au dernier homme. Cette position fut présentée lors d’une réunion du conseil impérial au cours de laquelle l’empereur resta de marbre.

Le jour suivant, Koichi Kido, Lord gardien du sceau privé, prépara un document résumant la situation militaire désespérée et proposant une capitulation négociée. Selon certaines sources, l’empereur l’approuva en privé et autorisa Kido à le faire circuler discrètement parmi les moins extrémistes des membres du gouvernement. D’autres pensent que l’empereur était indécis, ce qui retarda le processus de paix, causant la perte de dizaine de milliers de vies japonaises et alliées. Vers la mi-juin, le gouvernement avait convenu de se rapprocher de l’URSS afin qu’elle serve de médiateur, mais pas avant d’avoir amélioré la position de négociation du Japon par un rejet à la mer des forces d’invasions alliées sur les îles principales japonaises.

Le 22 juin, Hirohito passa de nouveau outre la tradition et s’adressa à ses ministres, leur disant « Je désire que des plans concrets pour terminer la guerre soient rapidement étudiés et que tous les efforts soient faits pour les mettre en application ». La tentative de négocier une paix via l’URSS n’aboutit à rien: les alliés étaient déterminés à n’accepter qu’une capitulation inconditionnelle et, jusqu’à la fin juillet 1945, ni l’empereur, ni le gouvernement n’étaient préparés ne serait-ce qu’à envisager cette option. Ils insistèrent sur au moins une condition: la garantie de la position de l’empereur dans la société japonaise.

  1. Moi je comprends toujours pas pourquoi ce hirohito n’a jamais été jugé pour ses actes tout ça parce qu’il était considéré comme un dieu vivant

    1. Ca c’est facile: les américains, inquiets de la puissance soviétique, voulaient garder le Japon comme base au cas où ils devraient intervenir sur le continent et la clé était d’avoir Hirohito de son côté.

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