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Bushido
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Bushidô: 1000 ans sur la voie du guerrier

Depuis quelques décennies, à la faveur du spectaculaire engouement que les arts martiaux japonais suscitent à travers le monde, les valeurs morales prêtées au samouraï se sont largement diffusées.

S’il renvoie désormais dans l’inconscient collectif à des idéaux élevés et forme le creuset d’un épanouissement personnel s’efforçant de cultiver le corps comme l’esprit, le Bushidô fut également un soleil noir qui féconda le militarisme nippon. Rien d’étonnant à ce que cette « voie du guerrier », à la croisée d’influences multiples et semée d’écueils, éclaire aussi l’histoire de l’archipel.

Chaque semaine, ils sont des millions à travers le monde à fouler de leurs pieds nus la paille tressée des tatamis du dôjô, le « lieu de la voie ». Qu’il s’agisse de judô ou de karaté, de kyudo (la voie de l’arc) ou du sabre, la séance débute et s’achève invariablement par le salut au maître, comme un écho lointain à la loyauté absolue autrefois exigée du samouraï à l’égard de son suzerain.

Respect de soi-même et de l’autre, courtoisie, constance et abnégation, sont autant de qualités attendues du pratiquant d’arts martiaux, que l’on sait issues de l’ancien code d’honneur des guerriers japonais: le légendaire Bushidô.

Si l’on a raison de rappeler que le terme ne fait son apparition que tardivement – il est forgé par le philosophe néoconfucianiste Soko Yamaga durant les prémices de la période Edo – ce code puise sa source dans les mutations socio-politiques consécutives à la montée en puissance des futurs samouraï durant le haut Moyen Âge.

Pour en mieux saisir les multiples facettes et les aspirations parfois contradictoires, il convient de remonter le cours de ce long fleuve loin d’être tranquille, où se jettent plusieurs affluents.

Kyuba no michi
Kyuba no michi

À cheval sur les principes

Kyuba no michi, « la voie de l’arc et du cheval », c’est ainsi que les guerriers de l’époque Heian finissante désignent le corpus de prescriptions qui sera la première matrice du Bushidô.

À mesure que la classe militaire se structure et gagne en influence, ses représentants éprouvent le besoin de créer leur propre culture, loin des raffinements de la cour impériale. Les bushidan, ces « bandes de guerriers », virtuoses de l’archerie montée qui demeurera des siècles durant la reine des batailles au Japon, forment désormais des clans embryonnaires qui entendent développer une éthique sur laquelle viendront se fonder des liens de vassalité.

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L’accent est donc mis sur les qualités martiales et surtout la fidélité, sujette à une telle insistance que l’on se prend à douter qu’elle fût jamais acquise. Aux côtés de cette vertu cardinale, un code d’abord hétérogène, décousu et transmis oralement1 exalte la bravoure, la frugalité et un mépris de la mort auquel le bouddhisme zen, adopté par la noblesse d’épée dès le XIIIe siècle, fournit un socle philosophique.

Au siècle suivant, Yoshimasa, seigneur de la maison Shiba et auteur du Chikubashô, est le premier à coucher sur le papier des recommandations à l’attention de ses pages et vassaux.

Mais c’est sous la plume d’Imagawa Ryoshun que ce qui n’est pas encore le Bushidô commence à emprunter la double-voie qui le caractérisera désormais. Homme de guerre autant que de lettres, Ryoshun enjoint en effet son gentilhomme de lecteur à exceller aussi bien dans les beaux-arts – calligraphie, peinture, voire cérémonie du thé et théâtre ultérieurement, qu’en matière d’arts martiaux.


Cet idéal humaniste appelé Bunbu ryodô ne s’imposera cependant que tardivement, puisque à l’épilogue des guerres intestines, Kiyomasa Kato condamnera sans appel certaines inclinations pacifiques.

Le « général-démon », héros des campagnes de Corée avertit ainsi dans ses Préceptes: « Lire de la poésie chinoise et faire des vers est proscrit. Celui dont le cœur est porté à acquérir ces connaissances, et à s’adonner à des raffinements si élégants et délicats s’en trouvera assurément efféminé. » 2

Kiyomasa Kato
Kiyomasa Kato

De Soun Hojo à Takeda Shingen en passant par Norikage Asakura, d’autres daimyô de la période Sengoku se livreront à l’exercice consistant à définir les principes d’un bon gouvernement tout en dispensant leur enseignement dans l’art de la guerre.

Loin des subtilités intellectuelles à venir, ces écrits généralement concis relèvent pour l’essentiel du bon sens politique et domestique, comme il sied à des princes dont la culture était fondée sur l’action plutôt que le verbe, ainsi que l’a fait remarquer Maurice Pinguet.

Quand Maître Kong s’en mêle

Le retour à la paix civile à l’orée du XVIIe siècle produit un changement de paradigme social. Les samouraï doivent désormais justifier leur hégémonie politique sur des fondements moraux qui vont enrichir un Bushidô jusqu’alors presque exclusivement tourné vers le pragmatisme et le service du seigneur.

Le pouvoir des Tokugawa adopte pour doctrine officielle le néoconfucianisme, dont la pierre angulaire est le respect de la condition de chacun au sein d’une hiérarchie des classes naturellement dominée par l’aristocratie militaire dans sa version insulaire.

En sa qualité suzerain de la classe guerrière, le shogun s’arroge les prérogatives d’un chef de famille exerçant une autorité bienveillante sur les grands féodaux, lesquels attendent de leurs vassaux une loyauté indéfectible tout en leur confiant la mission de guider le menu peuple sur le chemin de la moralité.

Cela n’a rien d’un hasard si Soko Yamaga, auquel est attribuée la formulation écrite du Bushidô, n’est autre qu’un ancien rônin – samouraï privé de maître – disciple de l’influent Razan Hayashi.

Tous deux s’emparent de la pensée du vénérable maître Kong, plus connu sous le nom romanisé de Confucius, et de son épigone Mencius. Les deux hommes s’efforcent de faire du samouraï l’héritier japonais du concept de kunshi, cousin de « l’honnête homme » des Lumières qui inondent alors l’Europe.

La part belle est faite aux vertus plus utiles en société que sont la piétié filiale et un sens aigu du devoir.

Soko Yamaga
Soko Yamaga

Ensemble mouvant et protéiforme, la « voie du Guerrier » n’est toutefois jamais consignée sous une forme jugée canonique avant la période contemporaine.

En marge de la variante cautionnée par le shogunat, d’autres déclinaisons subsistent qui sont parvenues jusqu’à nos jours, parmi lesquelles les Lectures Élémentaires sur le Bushidô3 de Daidoji Yuzan, lui-même élève de Yamaga, ou bien l’illustre Hagakure.

Le traité occulte, intitulé « Caché sous le feuillage » et rédigé par Jocho Yamamoto dans le but de faire passer à la postérité les recommandations du seigneur Matsushige Nabeshima, ne sera redécouvert opportunément qu’au cours des années 1930, au moment où le régime fascisant entreprend de militariser la nation japonaise en vue de la confrontation avec les États-Unis.

L’ouvrage aborde un très large spectre de thèmes fréquemment éludés dans des éditions soigneusement tronquées, notamment ce qui touche aux relations amoureuses, hétérosexuelles ou non.

L’orientation fanatique du texte lui vaudra d’ailleurs d’être interdit par les autorités d’occupation américaines, et l’on se souviendra utilement que l’auteur avait en son temps accusé de lâcheté les célèbres « 47 ronin d’Akô », coupables à ses yeux d’avoir trop attendu pour assouvir leur vengeance, au risque de voir leur ennemi trépasser de mort naturelle avant que justice soit rendue!

Cette ambivalence dans la façon dont les samouraï définissent alors leur éthique transparaît enfin dans les atermoiements de Soko Yamaga, qui finit par désavouer son œuvre pour tenter de puiser à la source de la pensée confucéenne originelle, quitte à dévier de la ligne officielle et à s’attirer les foudres des censeurs Tokugawa qui le condamnent à l’exil.

En prenant précocement conscience de l’impasse mortifère dans laquelle l’immobilisme technique enfermait le pays, et en encourageant ses confrères à embrasser une cause nationale supérieure à celle du seul clan ou des intérêts de classe, Yamaga entrevoyait pourtant le jour alors lointain où, un siècle plus tard, les conflits d’allégeance et les contradictions contenus dans des visions irréconciliables du Bushidô mèneraient l’élite militaire à sa propre chute.

Les grands orientalistes auxquels nous devons la somme monumentale revenant aux origines de la tradition japonaise ne s’y sont pas trompés lorsqu’ils ont traduit par le souhait de « civiliser les samouraï » les efforts souvent emplis de paradoxes fournis par celui qui tenta d’articuler une harmonie sociale soumise à des hommes de guerre.4

Takiyasha la sorcière et le fantôme du squelette, d'Utagawa Kuniyoshi
Takiyasha la sorcière et le fantôme du squelette, d’Utagawa Kuniyoshi

Du culte de la mort à « l’âme du Japon »

« J’ai découvert que la voie du Samouraï réside dans la mort ». Que n’a t-on écrit sur ce déconcertant incipit du Hagakure, qui ne cesse depuis lors d’exercer une fascination morbide?

La formule n’a cependant rien de propre à cet ouvrage. C’est peu dire que cette acceptation de la mort dans la fleur de l’âge, consentie sinon recherchée, où certains ont voulu voir un culte macabre, est effectivement au cœur des préoccupations des penseurs du Bushidô.

Katô écrit quant à lui que « celui qui a vu le jour dans la maison d’un guerrier ne doit avoir d’autre intention que de se saisir des sabres long et court et de mourir ». Et Daidôji de renchérir dès les premières lignes de son essai: « Un samouraï doit garder, présente en lui plus toute autre […] la pensée de la mort ». Le ton est donné sans laisser place à la moindre ambiguïté.

La raréfaction des occasions de périr au champ d’honneur, à laquelle vient bientôt s’ajouter l’interdiction du junshi, le suicide d’accompagnement du seigneur, contribuent évidemment à cette exaltation de la mort volontaire, ultime espace de courage et de liberté offert au samouraï réduit à l’état de bureaucrate.

La vogue est au romantisme, à la nostalgie à l’égard des tumultueux « Royaumes Combattants », théâtre violent d’une virilité martiale dont les plus conservateurs craignent qu’elle ne se dissolve dans les charmes citadins du « Monde flottant ».

À ce stoïcisme succède une certaine désaffection pour ce chemin austère durant la seconde moitié de la période Edo, jusqu’au spectaculaire retour à la barre de l’empereur lors de la restauration Meiji.

Partisans du shôgun et du jeune souverain s’affrontent en se drapant dans les oripeaux du Bushidô, qui pour protéger un ordre établi perçu comme conforme aux décrets divins, qui au nom de l’intérêt supérieur du pays dont ils se considèrent comme les garants et les dépositaires. Vainqueurs, les seconds auront tôt fait de convertir la « voie du guerrier » en formidable outil d’endoctrinement des masses.

Nouveau coup de théâtre: par la grâce du noyautage de l’institution militaire et de la haute fonction publique par d’anciens samouraï, les règles de conduite des guerriers s’apprêtent à devenir celles du peuple nippon tout entier, tandis que l’archipel se prépare à l’aventurisme colonial.

Il faut dire qu’en cette période d’écriture du « roman national » aux deux extrémités de l’Eurasie, tracer un parallèle historique entre les chevaleries européenne et japonaise arrange bien les affaires du nouveau gouvernement, qui trouve là matière à valider ses ambitions à peser dans le concert des nations.

Inazo Nitobe
Inazo Nitobe

Mais c’est à l’orée du XXe siècle que le code d’honneur du samouraï connaît son heure de gloire sur la scène internationale.

La prose du juriste et diplomate Inazo Nitobe est à l’origine du tour de force consistant à réaliser la synthèse entre le farouche guerrier japonais et le gentleman britannique, tout en diffusant à l’échelle planétaire une version édulcorée du Bushidô, pétrie d’humanisme et devenue rien moins que « l’Âme du Japon »5.

L’ouvrage, écrit dans la langue de Shakespeare et publié en 1900 par ce fils de samouraï converti au christianisme, connaît un succès considérable.

Il séduit jusqu’à Théodore Roosevelt qui, comme nombre de ses compatriotes et amis européens, considèreront dès lors le Bushidô comme l’une des principales clés de compréhension de l’exotique Japon, dont l’étrange esthétique suscite un engouement sans précédent au lendemain de la vague du japonisme et de la retentissante victoire militaire remportée sur la Russie tsariste.

Dans l’archipel comme en Europe toutefois, il est quelques esprits éclairés pour ne pas se laisser abuser par le caractère artificiel de cette idéalisation.

Dès 1914, le sociologue Teruaki Kobayashi relève l’inclination à écarter les raisons structurelles du triomphe japonais au profit de croyances et de présupposés mal étayés, parmi lesquels la « voie du guerrier » figure en bonne place6.

Treize ans plus tard, Elie Auboin, figure du Bulletin Français d’Extrême-Orient, rappelle à bon droit que, de l’aveu même de Nitobe, son Bushidô vise à prodiguer une morale à la fois caractéristique de l’esprit japonais et compatible avec les conceptions occidentales, en l’absence d’une éducation religieuse inscrite au programme scolaire. Et le Français de conclure abruptement: « Il n’y a jamais eu au Japon une chevalerie à la façon de la nôtre, avec des règlements énoncés, un nom, une initiation, des épreuves. 7 »

Vers une autre voie?

Les décennies 1910 et 1920 sont d’autant plus propices à une éclipse du Bushidô qu’à l’ambitieux monarque Mutsuhito, plus connu sous son nom posthume de Meiji et disparu en 1912, succède son troisième fils, Yoshihito alias Taishô, dont la santé fragile et l’impuissance politique n’incitent pas ses sujets à révérer leur souverain.

Le culte de l’empereur, désormais clé de voûte d’une « voie du guerrier » plus instrumentalisée que jamais, fait néanmoins un retour fracassant avec la montée en puissance des militaires à la veille de la Seconde Guerre mondiale. S’il n’appartient pas à la frange la plus belliciste, le successeur Hirohito se laisse volontiers flatter par ces manifestations de loyauté délirantes.

Tandis que le Hagakure est tiré de l’oubli puis distribué aux soldats, l’historien nationaliste Kiyoshi Hiraizumi publie en 1933 un ouvrage au titre évocateur: La résurrection du Bushidô8.

L’auteur s’efforce ainsi de forger le chaînon manquant entre le temps béni des samouraï et celui de la glorieuse confrontation qui s’annonce alors face aux nations occidentales à ses yeux gangrénées par l’idéal révolutionnaire, dont le communisme n’est que l’avatar le plus honni.

Jusqu’aux derniers feux de la guerre du Pacifique, le fantasme d’un code d’honneur du guerrier japonais, qui plus est dans sa version pervertie, servira ainsi de prétexte au fanatisme le plus aveugle, des suicides collectifs de civils aux attaques des kamikaze.

Yukio Mishima
Yukio Mishima

Loin de discréditer définitivement le Bushidô, l’issue funeste du conflit creuse cependant le fossé séparant désormais de manière irrémédiable les tenants d’une morale intransigeante et martiale, perçue comme proprement et viscéralement nippone, dont la « voie du guerrier » serait l’émanation sublime, et les chercheurs en sciences humaines, plutôt désireux de resituer du point de vue historiographique une diversité de sources.

Emblématique de la première école, le brillant écrivain Yukio Mishima s’abîme dans la lecture du Hagakure, au sujet duquel il écrit en 1967: « Ce livre prêchait la liberté, il enseignait la passion. […] Il m’a donné la force de vivre9 ». Trois ans plus tard, il se donne pourtant la mort par éventration, en point d’orgue tragique à une pathétique tentative de coup d’État.

De manière plus prosaïque, le pouvoir de séduction du terme « Bushidô » est devenu un véritable enjeu marketing bien assimilé par l’industrie culturelle. Cela n’empêche pas historiens et sociologues, toutefois, d’interroger la validité du concept à l’aune de la recherche scientifique.

Spécialiste du sujet, l’Américain Oleg Benesch, de l’université de York, résume ainsi la pensée dominante actuelle: « Dans son acception la plus commune, à savoir celle d’une éthique du samouraï et/ou un trait définissant le « caractère japonais », alors il convient de traiter le Bushidô sous l’angle d’une tradition inventée dans un contexte spécifique, et dont l’usage détermine le caractère idéologique10 ».

Si la « voie » est sans fin, l’étude objective et historique de ses méandres a peut-être enfin trouvé un chemin apaisé.

Pour en savoir plus sur les samouraï:

Samouraïs: 10 destins incroyables, par Julien Peltier

Hana wa sakuragi, hito wa bushi. « D’entre toutes les fleurs, la fleur du cerisier; d’entre tous les hommes, le guerrier. »

Le poème japonais qui ouvre ce livre donne le ton: vous pénétrez dans la légende des samouraï, dont les vies ont été émaillées de hauts faits d’armes et de destins tragiques.

Un récit historique palpitant, fourmillant d’anecdotes et de rebondissements, et bien évidemment tous authentiques au regard de l’Histoire.

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1 Quelques rares textes fondateurs existent cependant, tels le Message du maître Gokurakuji, alias Hôjô Shigetoki, gouverneur du Suruga et représentant du régent Hôjô à Kyôto.

2 Ideals of the Samurai, Writings of Japanese Warriors, William Scott Wilson, Ohara Publications, 1982.

3 Budô Shoshin Shu, Lectures Élémentaires sur le Bushidô, Daidôji Yuzan, Takeuchi Shoten, 1965.

4 Sources of East Asian Tradition, Theodore de Bary, Columbia University Press, 2008.

5 Relire « Bushidô, l’Âme du Japon » d’Inazô Nitobe, Keiko Yamanaka, Économica, 2004.

6 La Société Japonaise, Kobayashi Teruaki, Félix Alcan, 1914.

7 Le Bushidô, L’âme du Japon, Élie Auboin, Bulletin Français de l’École française d’Extrême-Orient, 1927.

8 Bushido, the Samurai Code goes to War, Damian Flanagan, The Japan Times, 2016.

9 Mishima, le Japon moderne et l’éthique samouraï, Mishima Yukio, Arcades Gallimard, 1985.

10 Inventing the Way of the Samurai, Oleg Benesch, Oxford University Press, 2014.

Julien Peltier

Julien est un spécialiste des samouraï, déjà auteur de plusieurs ouvrages et articles consacré aux célèbres guerriers japonais.
Il anime également des conférences consacrées aux grands conflits émaillant l’histoire de l’archipel.

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