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Kofun
Kofun

Du royaume du Yamatai à la dynastie du Yamato (II-Ve s.): la politique des kofun (2/2)

La structure des kofun

Kofun
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Elle est surélevée, sur une terrasse essentiellement en terre, entourée d’un fossé. La tombe, individuelle, se trouve au centre de la masse principale, creusée par le haut. La fonction de la structure qui prolonge le kofun reste incertaine. S’agit-il d’un lieu qui servait aux cérémonies mortuaires se dirigeant vers le centre? Une des cérémonies les plus importantes consistait à exposer le cadavre pour qu’il soit dépecé par les oiseaux et les vers avant d’enterrer les os (mogari).

Le kofun est entouré de petites statues appelées haniwa 埴輪. Ces statues sont à l’origine des tubes chargés de retenir la terre. Elles sont par la suite décorées et prennent forme humaine, ou d’animaux et de maisons. Elles permettent d’étudier l’habillement de l’époque. Les mythes considèrent qu’elles servirent à remplacer d’anciens sacrifices, mais il s’agit là de légendes inventées à une époque (8ème siècle) où l’on avait oublié leur signification. Les grands kofun sont entourés d’un grand fossé: d’abord simple séparation, il servit par la suite de réservoir d’irrigation, symbolisant le fait que le roi continue à prodiguer ses bienfaits même après sa mort.

L’époque des kofun se découpe en trois périodes :

  • fin 3e ~ deuxième moitié du 4ème siècle: apparition de kofun de petite taille dans la région centrale.
  • fin 4e ~ fin 5e: taille maximale des kofun. Le plus grand kofun construit présente des dimensions stupéfiantes: 475 m de long pour 30 m de haut, 1.400.000 m³ de terre sur 300.000 m² de surface, 14.000 haniwa.
  • fin 5e ~ fin 6e: diminution de la taille et du nombre, seul le centre garde des kofun de grande taille. Des formes plus simples apparaissent (chambres funéraires sous de petites collines).

Au départ, le Yamato n’est qu’une confédération de chefs locaux sous l’égide d’un roi commun chargé de régler les conflits (puissance spirituelle et judiciaire). Dans la région de Gunma, à Mitsudera 三寺 (« les trois temples »), une espèce de manoir d’un chef local a été découvert. La résidence principale et ses dépendances sont montées sur une plate-forme, séparée par un fossé du village situé assez loin, à environ un kilomètre. La présence de traces de grands travaux d’irrigation dénote la mise en place de la riziculture. Ces travaux se font sous la direction des chefs locaux, il n’y a pas de signes probants d’un pouvoir centralisé.

Au 5ème siècle, le pouvoir et l’influence exercés par le Yamato s’appesantissent: les kofun, de plus en plus grands, nécessitent des ressources extérieures à la simple région autour de ces tombes. Les grands greniers retrouvés à Hoenkaza auraient servi, sinon à la mise en place de stocks pour appuyer des guerres en Corée, à alimenter les populations utilisées pour ces grands travaux (kofun et irrigation).

La dynastie du Yamato

Au 5ème siècle, le Japon réapparaît dans les textes chinois. Le Yamatai a disparu, la place centrale est tenue par l’Etat du Yamato. De 418 à 478, cinq chefs envoient des ambassades à la Chine des Song. Le premier, San 讃 , serait à identifier avec Nintoku 仁徳 , le premier roi à partir duquel l’histoire dynastique devient assez sûre. Ce siècle est soumis à de nombreux changements politiques. Les lignées des chefs locaux sont interrompues à plusieurs reprises. En effet, un peu partout, alors qu’un même lignage est enterré au même endroit, les types de tombes changent: les kofun sont remplacés par des tombes rondes plus simples (chefs déchus), et apparaissent ailleurs (accession d’une nouvelle famille au commandement). Même les grandes tombes impériales se déplacent du Yamato à Kawachi (région d’Osaka). On a pu parler de « cour de Kawachi ».

Nihon shoki
Nihon shoki

En 438, Chin 珍 (identifié à Hanzei 反正) envoie 13 hommes en Chine. En 443, Sei, ou Sai 清 (identifié à Ingyô 允恭), en envoie 23. Ils demandent des titres de commandeurs pour leurs hommes, dans un souci de rapprochement du mode d’administration chinois.
De grandes épées ont été retrouvées dans les tombes. En 1978, dans le kofun Inariyama (département de Saitama), une épée gravée de caractères chinois, et datée de 471 a été découverte. Elle a appartenu à Owake no Omi, dont les ancêtres auraient servi pendant huit générations le Grand Roi (okimi 大王). S’agit-il d’une garde privée du souverain ? Dans le kofun Edafunayama de la région de Kumamoto, une épée similaire indique que l’un des ancêtres de l’individu enterré était fonctionnaire civil (scribe). On assiste à une répartition traditionnelle chinoise entre fonctionnaires militaires et fonctionnaires civils rédigeant les textes administratifs.
D’après le Nihon shoki (日本書紀), le 5ème siècle voit l’arrivée de spécialistes venus du continent. Le Coréen Wani 王仁 aurait développé l’écriture au Japon.

Les fonctionnaires affiliés au royaume du Yamato portent des titres se terminant tous par hito 人: fuhito 文人 , kurahito 倉人 (chargé des entrepôts), sakahito 酒人 (chargé de la fabrication du sake), etc. Ce « système des hito » est organisé au 5ème siècle autour de la personnalité du Grand Roi. A partir d’une date incertaine, le pouvoir organise les be 部, sous une forme plus ou moins administrative, d’après l’organisation du royaume coréen de Shilla. A l’intérieur de chaque uji 氏 (clan dominant la vie politique), les be sont des corporations qui regroupent les membres roturiers: paysans, pêcheurs, soldats, artisans, etc.
L’histoire de cette époque, reconstituée d’après les témoignages archéologiques, montre une tentative de centralisation, de contrôle des chefs locaux, pour financer les expéditions contre les royaumes de Corée, en particulier sous le roi Bu 武 (Yûryaku 雄略 , fin du 5ème siècle). Ce désir d’expansion correspond à une extension maximale de la zone des kofun. Au début du 6e siècle, le roi Buretsu 武烈 , décrit comme un tyran sanguinaire (la description de ses méfaits est en fait une compilation de textes chinois plus anciens), meurt sans descendance. Le nouveau roi, Keitai 継体 , est présenté comme le descendant à la cinquième génération de Ôjin (père de Nintoku). On peut douter de la réalité de ce fait, cinq générations étant la limite au-delà de laquelle un individu est exclu de la famille impériale.

Conclusion

Moine boudhiste
Moine boudhiste

C’est la fin de l’époque des kofun: ils ne subsistent que dans la région centrale, le Yamato exerçant une autorité écrasante sur les trois quarts de l’archipel. Ils sont abandonnés durant le 6ème siècle, y compris par les grandes familles, et sont remplacés par des chambres funéraires plus simples (enfouies sous des tumuli), mais décorées.

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette désaffection. D’abord, les nouvelles tombes apparaissent sous l’influence continentale grandissante. Ensuite, le système des be entraîne l’apparition de cimetières collectifs entourant les tombes des chefs. Enfin, le clan Soba introduit au 6ème siècle le bouddhisme qui accélère la disparition des kofun.

  1. Bonjour et merci pour cet article; on sait maintenant que les kofuns et les chefs pirituels et politiques de la création de la lignée impériale jusqu’à l’arrivée du boudhisme étaient des femmes, druidesses, issues des navigateurs et navigatrices etrusques arrivés vers -700 av J.C
    Cf l’oeuvre de Maurice Guignard « comment j’ai déchiffré la langue étrusque » ainsi que les travaux sur les cultures matriarcales à travers le site
    https://matricien.wordpress.com/geo-hist-matriarcat/asie/jomon/
    Entre autre!!

    Voilà, merci à vous. Léonore Grollemund

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